LA CARPE :

PÊCHE OU ART DE VIVRE ?

 

 

 

La pêche, en France et en Europe, est en train d’évoluer. La pêche est un loisir qui devient presque un art de vivre, lorsqu’on est passionné (comme moi),  et n’est plus une activité alimentaire. La pêche de la carpe est sans aucun doute celle qui a subit la plus grande métamorphose durant ces vingt dernières années.

  En effet, c’est une vraie révolution qui secoue cette pratique depuis le début des années 80. C’est devenu une pêche-aventure, qui se pratique souvent sur de longues sessions (plusieurs jours) dans des lieux isolés de tout et fait appel à des valeurs morales telles que le respect du poisson, le respect de l’environnement, le partage et la convivialité. La grande majorité des carpistes ( ou pêcheurs de carpes, peu importe le nom) relâchent systématiquement 100% de leur captures dans leur élément avec le plus grand soin. Ils ne considèrent plus le poisson comme un adversaire mais comme un partenaire.

 Cette pêche fait également appel aux techniques de pointe en matière de matériel (canne en carbone haut module issu de la recherche spatiale, détecteurs de touche électroniques, écho-sondeurs, etc…), mais aussi en matière de montage ( nouveaux matériaux pour la confection des lignes et bas de lignes, anti-emmeleurs et le célèbre montage au cheveu qui ne touche aucun organe vital et donc qui permet de relâcher le poisson avec un minimum de dommages).  Le domaine des appâts à lui aussi évolué avec une très grande variété de produits sur le marché dont la majorité est destinée à la confection des bouillettes.

  Certains de nos détracteurs parlent de pêche élitiste. Je leur réponds : Non. On peut aussi bien pratiquer le cyclisme avec un vélo à 150 €  qu’avec un vélo à 3000 €, de la même manière on peut aussi bien prendre du poisson avec des cannes à 80 € qu’avec des cannes à 300 € .  Tout est une question de moyens financiers et de plaisir. La personne qui est passionnée de photographie passera ses économies sur un appareil haut de gamme alors qu’une personne qui fait de la photographie occasionnellement préférera mettre ses économies ailleurs.

  Lorsqu’on me parle de pêche sportive ou de compétition de pêche à la carpe, je me pose des questions. En premier lieu parce que lorsque je vais à la pêche je n’ai pas l’impression de pratiquer un sport. J’y vais pour observer et profiter pleinement de la nature, pour prendre du poisson mais aussi et surtout du plaisir. D’autre part, dans toutes compétitions, on peut dire, par exemple, que celui ou celle qui monte sur la plus haute marche du podium a été meilleur dans la mesure ou, ayant joué ou combattu dans les mêmes conditions que ses adversaires, il a marqué plus de points ou a été plus rapide.  Une des questions que je me pose est : Comment peut-on vérifier cette affirmation à la pêche, tant les paramètres qui entrent en jeux pour la réussite d’une sortie sont nombreux, divers et aléatoires ? Il est pratiquement impossible que les concurrents réunis autour d’un plan d’eau pêchent à égalité. Troisièmement la compétition inhibe totalement l’esprit de partage que j’évoquais précédemment tout simplement à cause de l’enjeu qu’elle génère ( je ne pense pas que l’on verra un jour Schumacher prêter sa Ferrari à Hakkinen pour qu’il ait les mêmes chances de gagner un grand prix). Je vous rassure, je ne suis pas opposé à la compétition (puisqu’il y a des demandeurs il faut leur en proposer) mais je ne voudrais pas que l’on mélange les deux. Pour moi, la Pêche, n’a rien à voir avec une compétition.

  Pour prendre du poisson, il faut d’abord le localiser et pour cela il faut connaître ses mœurs et son habitat (l’appât n’est que secondaire). Cette nouvelle approche de la pêche (venue d’outre manche) connaît un vif succès (surtout auprès des jeunes) car elle est très instructive. On apprend par exemple, à « lire » un lac ou une rivière en observant sa surface et ses abords, à se mettre à la place d’une carpe pour savoir comment elle est susceptible de réagir (d’où l’aspect de partenariat dont il est question dans l’un des paragraphes précédents). Ce qui est paradoxal c’est que l’intérêt et le charme de cette pêche résident justement dans le fait que ce n’est pas une science exacte et que l’on aura toujours quelque chose à apprendre. C’est un peu une quête du Graal perdue d’avance. Il faut observer et réfléchir avant de lancer ses lignes quelque part (mieux vaut un appât médiocre et bien placé qu’un appât très élaboré et mal placé). Cette pêche, d’un certain coté, responsabilise ses pratiquants. Effectivement, en remettant ses prises à l’eau, le pêcheur participe à la gestion du patrimoine piscicole. Si par exemple je prends un très beau poisson, en le remettant dans son élément, je donne la possibilité à un autre pêcheur de le reprendre et donc de se faire plaisir sans avoir besoin d’attendre un grand nombre d’années qu’un autre poisson atteigne une taille respectable.

  Mais pour pratiquer cette pêche pleinement il faut y associer la nuit. D’abord parce que la carpe à des mœurs naturellement nocturnes et ensuite parce qu’un banc de carpes peut passer plusieurs jours sans passer sur un poste (alors autant y être au bon moment). Bien sur, je simplifie, mais c’est dur de devoir relever ses cannes et s’en aller un soir ou vous commencer à avoir des départs et que les carpes sont en pleine activité alimentaire. Pour l’instant, seul le domaine privé permet cela, le domaine public propose des secteurs souvent très réduits où sont entassés les pêcheurs et quelques fois des secteurs où l’on oserait pas se promener. Il suffirait d’une modification de la loi (datant de Charlemagne) concernant l’interdiction de pêche nocturne pour, d’une part endiguer le départ des pêcheurs vers le privé et d’autre part pour une meilleure répartition des pêcheurs sur les berges. Cette pêche est une pêche d’avenir, la moyenne d’age de ses pratiquants est très basse, nombreux sont les détaillants qui font la majorité de leur chiffre d’affaire sur la carpe, à l’inverse la majorité des AAPPMA enregistre une baisse des ventes de cartes ces dernières années. A elles de faire le nécessaire pour inverser la tendance.

  Je vous laisse libre d’apporter une réponse à la question posée en titre. D’après ce que vous venez de lire vous devez certainement connaître désormais mon opinion à ce sujet.

 

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