CHIMIE LOURDE OU BOUILLETTE NATURE ?

QUESTION DE BON SENS…..

( d’après les frères MAHIN )

 

Au risque de me répéter et sans avoir peur d’insister lourdement, j’attache une grande importance à la température de l’eau ainsi qu’à la richesse ou inversement la pauvreté du lac que je pêche.  Ces deux éléments à eux seuls et bien plus que tout le reste conditionnent tout le raisonnement qui suit et se traduit jusque dans l’élaboration des appâts.  Quitte à faire grincer des dents et remettre en question certaines idées reçues, voici notre théorie.

 

La chasse aux protéines.

Considérons dans un premier temps la pêche en eau pauvre, autrement dit, tous les plans d’eau de PH inférieurs à 7 et 7 inclus. Nous avons vu que les carpes de ce plan d’eau n’atteignent jamais des tailles extraordinaires faute de nourriture naturelle surabondante.  En d’autres termes, les poissons souffrent d’un manque crucial de protéines responsable de leurs perpétuels déplacements.  Cette carence et ces mouvements continus s’offrent comme une opportunité aux pêcheurs qui disposent dans l’arsenal des produits, d’additifs fabuleux comme les extraits de foie, les protéolysats de poisson, les huiles et les farines de poissons, les concentrés de produits marins, les hydrolysats de protéines, la bétaine, j’en passe et des meilleurs.

En terme d’attraction pure, tout ce qui contient une bonne quantité d’acides aminés, de vitamines, tout ce qui profite sainement à la carpe sur le plan nutritif s’avère redoutable en matière de pêche.  Les arômes chimiques et les huiles essentielles apportent une note attractive supplémentaire dont il ne faut pas se priver.  Bref, vous en conviendrez, tout ce qui à été développé ces dernières années dans la rubrique appâts haut de gamme améliore globalement le rendement de la pêche pour ces conditions particulières.

 

Quand les appâts haut de gamme font pâle figure.

Ce qui semble acquis à un endroit ne l’est pas ailleurs. Sans cesse il faut chercher pourquoi la réussite vous échappe.  Et c’est exactement ce que nous avons fait et bien que nous soyons deux (donc en théorie nous réfléchissons deux fois plus vite) nous avons pourtant été longs à comprendre que les meilleurs appâts « haut de gamme » précédemment évoqués font quelques fois « pâle figure » dans les eaux riches.  Cela peut surprendre à froid, mais c’est avec le recul nécessaire exactement ce que nous pensons.  J’évoquerai pour éclaircir le fond de ma pensée et peut-être vous convaincre trois raisons fortes qui à elles seules justifient le désintérêt qu’éprouvent les carpes suralimentées des eaux riches (PH > 7.5) pour ces appâts surprotéinés.

 

Le mystère noix tigrée enfin élucidé.

Le premier réflexe des pêcheurs consiste, en présence de nourriture naturelle, à vouloir copier ou essayer de reproduire cette nourriture naturelle au niveau des appâts.  Première erreur.  Parce que les appâts ne vivent pas, il est illusoire d’essayer de les faire ressembler à tout ce dont les carpes se gavent à volonté, c’est peine perdue d’avance.  Même, si l’on y parvenait, cela équivaudrait à augmenter à l’extrême la quantité de cette manne permanente qui ne joue pas en notre faveur.  En rajouter une couche provoque exactement le même effet que d’amorcer à nouveau un coup rendu improductif parce que trop amorcé.  Ce point de vue admis aide à élucider pourquoi un grain de maïs, une noix tigrée ou une graine de lupin séduisent encore tant de grosses carpes.

 

Bouillettes acides….mais pas trop.

En second lieu j’attirerai votre attention sur le phénomène d’ « attraction » pure.  Nous admettons volontiers maintenant que les carpes seraient attirées par des arômes de synthèse dont la variété ne semble pas les rebuter.  En dehors de l’odeur et du goût qu’ils véhiculent dans l’eau, il semblerait que ces assemblages de molécules chimiques des arômes ne laissent pas les carpes indifférentes, certains plus que d’autres par ailleurs.  Les arômes sont des produits acides pour la plupart.  Les huiles essentielles, concentrés aromatiques par excellence, issues des plantes aromatiques elles-mêmes, sont également très attractives pour les poissons d’eau douce mais, elles aussi particulièrement acides (PH 2.5 – 3 – 4 selon les huiles).  Quand on introduit ces arômes et ces huiles dans un appât en quantité justifiée, on acidifie de ce fait le produit fini qui se trouve comparativement à l’eau que l’on pêche légèrement plus acide.  Je suis persuadé que ce petit écart, ce delta d’acidité est loin d’être innocent dans le phénomène d’appel et qu’il joue un rôle d’attraction prioritaire sur la composition moléculaire de l’arôme.  A l’inverse, l’acidité excessive des appâts peut être mal perçue par les poissons.  Considérons qu’une bouillette, normalement constituée, légèrement acidifiée par l’arôme et l’HE ait un PH de 5.5-6 et que cette bouillette soit destinée à pêcher un milieu de PH 7.  Ce faible écart de PH entre l’appât et l’eau est un facteur favorisant l’attraction donc générateur de touches.  Si l’on destine le même appât à un plan d’eau riche de PH 8.5, l’écart de PH devient alors trop important et semble dissuader les carpes de mordre.  J’en veux pour preuve le maigre succès des huiles essentielles utilisées à outrance dans les eaux riches, alors qu’elles cartonnent la plupart du temps dans les eaux pauvres.  Pas de panique, je ne suis pas plus chimiste que vous et je n’utilise toujours pas de Phmètre… et rarement des bâtonnets révélateurs, exceptionnellement pour confirmer l’estimation « au pifomètre »  du PH d’une nouvelle eau que je pêche.

 

Un penchant pour les glucides.

Pour terminer de justifier mon point de vue, je tiens à rappeler qu’un bon nombre de signatures à fait par le passé l’apologie des « craps baits » (traduction : bouillettes de merde… car pauvres en protéines  mais riches en glucides ).  Ces grandes « pointures » me semblent suffisamment crédibles pour avoir essayer avant d’en parler.  Autrement dit, ils s’étaient aperçus, certainement sans en connaître les raisons exactes, que des bouillettes toute banales à base de semoule, aromatisées et sucrées prenaient plus de carpes que les recettes pointues faisant appel aux additifs de luxe que nous connaissons.  Autrement dit, quand les carpes évoluent dans un milieu qui les nourrit à outrance, elles auraient un penchant certain pour le sucre (lent ou rapide), facteur d’énergie.  Mais le temps des « craps » est révolu. Nous allons voir, dans l’article suivant, qu’il y a mieux à faire et comment tirer le meilleur parti de certains additifs stratégiques en pareilles circonstances.

 

 

 

FARINES DE POISSONS A PETITE DOSE

TENTEZ LA DOUBLE ATTRACTION

( d’après les frères MAHIN )

 

Si dorénavant vous admettez que s’obstiner à copier à tout prix la nourriture naturelle ne paye pas toujours, nous allons certainement mieux nous comprendre.  Dès lors, je peux vous enseigner quelques trucs qui me valent de beaux succès depuis des années… et tout spécialement en eaux chaudes et riches.

Sachez cependant avant d’ouvrir le débat que je déteste édicter des règles pures et dures pour la pêche. La pratique m’a appris depuis longtemps combien il est utopique de croire qu’il existe des procédures fiables dans lesquelles on puisse trouver la réponse à tout.  Les poissons sont des êtres insaisissables, complexes, déroutants. Mais essayer de les comprendre permet d’évoluer.

J’ai précédemment affirmé que la « protéine » ne fait pas recette quand les carpes sont généreusement nourries par leur milieu.  Pour nuancer mes propos, je dirais que les protéines me semblent plus efficaces lorsqu’elles sont utilisées comme additif à faible dose plutôt que comme constituant de base du mix.  Hormis peut-être les protéines de lait dont la structure et le profil en acides aminés diffèrent totalement des autres protéines animales.

 

Dopez vos « craps baits ».

Je m’explique :  Pour rompre avec toute idée de fabriquer des appâts qui voudraient ressembler à la nourriture naturelle, je reprends à mon compte l’idée des « craps baits » dont l’efficacité repose uniquement sur la seule valeur énergétique et la chimie de l’arôme.  Sur le même principe, on peut facilement construire un mix énergétique et lui associer quelques éléments attractifs qui l’anoblissent.  Je pense en particulier à la farine de poisson.  En voilà un scoop me direz-vous !  Si la réputation de la farine de poisson (naturellement riche en protéines et forte en odeur et en goût) n’est plus à faire, j’attire ici votre attention sur une toute autre utilisation.  Il ne s’agit pas de l’utiliser comme constituant du mix mais je le répète comme additif dans une proportion de l’ordre de 5% du mélange.  En dehors du fait que l’odeur prononcée du poisson contrarie avec le meilleur effet celle de l’arôme chimique, la farine de poisson attire les écrevisses.  Se priver de cette double attraction là sur des plans d’eau dont la plupart des carpes chassent en permanence l’écrevisse me semble être une erreur fondamentale.

Quand une farine de poisson est utilisée en si petite quantité, autant la choisir parmi les meilleures du genre.

 

Farine de poisson  « de luxe ».

Celles obtenues par séchage à basse température offrent généralement les meilleures garanties et je les préfère aux autres.  Les bird-foods et bien entendu les semoules de blé et de maïs composent le corps du mix.  Pour palier la difficulté de rouler des vrais bird-foods tels que le Quicko ou le Cédé nous les collons le plus souvent avec le fameux carp’s, mix à base de protéines de lait, semoules et protéines de lupin formulé par mon frère Philippe.  Le gros avantage du carp’s réside dans sa faculté de rendre roulables toutes les m…es et autres amalgames qui résistent à toute transformation en billes.  En plus il continue, malgré son age, de surprendre !

Pour conclure et vous aider à produire des appâts efficaces en plein cœur de l’été et quand les eaux sont riches, je vous propose quelques recettes personnelles que vous n’êtes pas obligés de copier à la lettre, mais dont vous retiendrez l’esprit.

RETOUR INFOS